" L'enfant du lac " au coeur d'une affaire criminelle

Le garçon de 8 ans retrouvé entre la vie et la mort vendredi matin dans un lac vendéen est revenu à lui hier. Antoine a pu indiquer aux gendarmes son adresse, où les enquêteurs ont découvert le corps sans vie de sa mère.

VENDREDI MATIN aux aurores, alors qu'il partait promener Asso, son gros chien noir, sur les berges du lac d'Apremont (Vendée), Jean-Claude n'imaginait pas qu'il sauverait une jeune vie qu'une main criminelle avait voulu écourter. Antoine P., 8 ans, a échappé à la mort de justesse. C'est lui « l'enfant du lac », ce petit garçon en pyjama beige et chaussons « Gaston Lagaffe » qui flottait, « raide comme une planche », « râlant et geignant » à la surface de cette retenue de barrage, que Jean-Claude a sauvé.

Au moment où le retraité l'a sorti du lac, il était en état d'hypothermie avancée - sa température corporelle affichait 27 o C - et ses poumons remplis aux trois quarts d'eau. Lorsqu'il a été emmené en soins intensifs à l'hôpital de Nantes, personne n'avait déclaré sa disparition. Et pour cause : Anne, sa mère, a été tuée. Elle a été retrouvée, morte, hier en fin de matinée, baignant dans son sang dans sa maison de Bois-de-Céné, à une trentaine de kilomètres d'Apremont.

L'ancien compagnon de la mère recherché

Hier matin, Antoine est peu à peu revenu à lui. En se réveillant, il a commencé à lever le mystère, en racontant les circonstances du drame qui s'est tramé, à quelques kilomètres de là, dans une maison isolée de Bois-de-Céné. Le garçonnet affirme avoir été emmené de force par le compagnon de sa mère, Cédric O., dans la nuit de jeudi à vendredi, jusqu'au lac d'Apremont. L'homme l'aurait ensuite jeté à l'eau, depuis le ponton de la petite plage qui agrémente cette retenue d'eau.

Cédric O. était activement recherché, hier soir, par les gendarmes de la SR d'Angers, saisie dans l'après-midi par le procureur de La Roche-sur-Yon, Pierre Sennes. L'homme, qui s'est évaporé dans la nature, fait également figure de suspect numéro un dans la mort d'Anne Deriez, la maman d'Antoine. La jeune femme, qui aurait eu 30 ans en novembre, a été découverte hier en fin de matinée dans sa maison de la Guillaudière, un lieu-dit isolé, au coeur du marais vendéen. La jeune maman, aide-soignante à l'hôpital de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, a été retrouvée baignant dans son sang, le crâne fracassé. Lorsqu'elle a été découverte, la télévision fonctionnait encore et le dîner avait refroidi sur la table. Des éléments qui laissent croire aux enquêteurs que son décès pourrait remonter à la soirée de jeudi, ou en tout cas dans la nuit qui a suivi.

Hier, toute la journée, les gendarmes ont procédé à une fouille minutieuse de la maison d'Anne Deriez. Venus de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), des techniciens en investigation criminelle, les « experts » de la gendarmerie, ont passé les lieux au peigne fin.

Simultanément, d'importants moyens humains ont été déployés dans la région de Challans et de Saint-Gilles-Croix-de-Vie pour retrouver Cédric O. Un hélicoptère survolait à basse altitude les environs, hier après-midi. L'homme, ferrailleur, aurait été le dernier compagnon d'Anne Deriez. Selon une source proche de l'enquête, il se serait séparé de la mère d'Antoine il y a une quinzaine de jours, « sans esclandre ». Le procureur de La Roche-sur-Yon qui poursuit son enquête en flagrance pourrait demander, dans les jours prochains, l'ouverture d'une information judiciaire, vraisemblablement pour tentative de meurtre et séquestration suivie de meurtre. Les habitants des alentours mais aussi des proches d'Anne Deriez, dont son père, qui vit dans une maison voisine de celle de sa fille, vont être entendus dans la journée. Le corps de la jeune maman devrait être autopsié demain. Le père d'Antoine qui vivrait en région parisienne n'a toujours pas été localisé avec précision par les enquêteurs. Quant au petit garçon, il est toujours hospitalisé à Nantes.

**MAVERICK**