Actus Nantaise * Le Zénith, entre ombre et rayonnement
Le Zénith, entre ombre et rayonnement
Le monstre arrive. Dans son sillon, des questionnements, des craintes,des fantasmes parfois... Tour d'horizon avec ceux qui font le spectacle.
De l'avis de tous les producteurs et tourneurs, le Zénith manquait. Y viendront des spectacles tels qu'Aïda que « techniquement et financièrement, il aurait été impossible de faire à Nantes. Ce sont deux cents personnes sur scène et quatorze semi-remorques ». Ou reviendront des artistes qui « ne venaient plus ou alors à la Trocardière. Mais c'était un pis aller ».
Y aura-t-il de la place pour tous ? Qu'il s'agisse de l'arrivée d'une grande surface, d'une Fnac, d'un multiplexe ou aujourd'hui d'un Zénith, la même question se pose. Toujours. Rétif au malthusianisme, Jean-Marc Ayrault affirme qu'il « y a de la place pour tout le monde. Le Zénith manquait. La vie nantaise est dynamique. Il va libérer de l'espace ». Cet avis est partagé par Jacques Tallut, exploitant d'une Cité des congrès de Nantes que l'on pouvait imaginer inquiétée en première ligne. Et qui, pour mémoire, était candidate à l'exploitation du Zénith. « Sur l'exercice 2007, il y aura des transferts d'activités mais pas d'impact du Zénith. On va jouer la complémentarité sur des congrès, des dîners spectacles... Nous sommes deux équipements en DSP (délégation de service public), en bon terme et qui bossons pour la communauté urbaine. » L'arrivée du Zénith ne remet pas en question l'extension de la Cité à horizon 2011, confirme Jacques Tallut : « Le rapport offre-demande fait qu'on refusait d'ailleurs des artistes. Nous en perdrons certains, mais en gagnerons d'autres qui préféreront nos salles cocooning. » Perdus Guy Bedos ou Frank Michael, produits à Nantes par Philippe Zimmerli de Luna Production. Programmés en 2005 à la Cité des congrès, ils seront en 2007... au Zénith. À 34 € contre 43 pour l'humoriste. De 3 à 6 € moins chères les places pour le crooner belge. Économie et économies d'échelles car du même coup, Franck Michael ne passera pas à Angers et Rennes l'an prochain. « Franck Michael était complet trois mois avant la date nantaise. Nous savons qu'il a un potentiel supérieur à la capacité de la Cité des congrès et un rayonnement régional. » Exceptés pour des spectacles comme Aïda que « techniquement et financièrement, il aurait été impossible de faire à Nantes », doit-on craindre un tout Zénith ? Non. Si le calcul est vite fait pour un Raphaël qui obligeait Philippe Zimmerli à faire deux dates à la Carrière, le tourneur restera fidèle à la salle de Saint-Herblain pour la Grande Sophie, Abbamania... (lire ci-dessous). Stratégie de tournée, choix artistique ou question d'image, « au final, il n'y a pas de règle. C'est l'artiste et sa production qui décident. La dernière fois qu'il est venu à Nantes, Bowie est passé à la Trocardière. Il ne voulait pas plus de trois mille spectateurs ». Recentrage La Trocardière qui eu ses heures de gloire avec Bowie, Iggy Pop, Bruel aurait du souci à se faire, considérée comme un « pis aller inadapté aux concerts » par les tourneurs locaux. Pourtant, c'est optimisme façon « méthode Coué ». « Nous avons en moyenne quinze concerts par an. On ne pense en perdre que quatre ou cinq. L'impact financier n'est pas énorme. Les concerts ne représentent que 10 % du chiffre d'affaires total. Mais le plus embêtant, c'est de perdre les têtes d'affiches qui attirent plus de 3 000 personnes. On a une carte à jouer sur les jauges de 500 à 2 500 places », explique Olivier Floch, responsable de la Trocardière, gérée par Nantes gestion équipement. La Trocardière envisage de se recentrer sur une activité d'événementiel : salons, concours... Comme le parc des expositions de la Beaujoire d'ores et déjà déserté par Holiday on ice programmé en mars 2007 au Zénith. Là, on accuse déjà une baisse du chiffre d'affaire de « pas loin d'une centaine de milliers d'euros ». Eric Bertin-Maghit voit néanmoins l'arrivée du Zénith de façon positive : « Il va renforcer l'attractivité du territoire. Il y aura des retombées sur nos activités. » Resistance Artisans de la culture, les structures culturelles programmatrices ne craignent pas pour leur crémerie : « Nous ne sommes pas sur le même créneau. On relève tous d'une mission de service public de la culture », expriment à l'unanimité sept structures de l'agglomération tout juste constituée en Réseau de la chanson des Pays de la Loire (lire en pages Région). Une stratégie collective que l'on observe aussi avec l'abonnement transversal concocté par la MCLA, Nantes Angers Opéra, l'Arc de Rezé... À Nantes, l'offre culturelle est copieuse. Et si les structures ne craignent pas d'être déshabillées par le Zénith, le portefeuille du consommateur de culture n'est pas extensible dans un secteur qui accuse déjà une baisse de fréquentation 10 à 15 % cette année D'après vous , le Zénith sera-t-il une menace pour les autres salles de spectacles de Nantes et son agglomération ? ** maverick **