Ça ne se discutera plus…Jean-Luc DELARUE.
Jean-luc Delarue ne fêtera pas le 15 e anniversaire de « Ça se discute » en septembre. Son magazine s’arrête ce soir à 22 h 50 sur France 2, après un 552 e numéro consacré à la séduction. A la rentrée, il devrait être remplacé en alternance par « Panique dans l’oreillette » et « l’Objet du scandale ».
Selon la direction de France 2, cette décision n’a rien d’une sanction. L’émission est juste victime d’un essoufflement naturel. Jean-Luc Delarue qui n’a pas souhaité s’exprimer finit la saison avec 1,8 million de téléspectateurs de moyenne (17 % de part d’audience). Retour sur quinze années de débats…
Un pari risqué.
Auréolé du succès de sa « Grande Famille » sur Canal +, Jean-Luc Delarue est recruté à 30 ans par Jean-Pierre Elkabbach, alors président de France Télévisions, pour lancer en septembre 1994 un magazine de société de deuxième partie de soirée. Si Mireille Dumas confesse déjà des anonymes dans « Bas les masques », lui inaugure une formule inédite : deux émissions (lundi et mardi soir), deux points de vue d’invités sur un même thème, en direct et en public. « Je voudrais que ce soit un rendez-vous qui décoiffe, dit-il alors. J’ai envie de prendre des risques. » « Le parti pris était à la fois grand public et très journalistique, raconte le premier corédacteur en chef, Benoît Charpentier. L’équipe, recrutée dans la presse écrite, a gambergé huit mois sur le concept, avec un conseiller d’Elkabbach qui répétait : Il faut de la dramaturgie ! Je passais des nuits à scénariser l’émission. Le décor était aussi très réfléchi. Pour la première fois, les anonymes étaient au coeur du plateau et les personnalités dans les gradins. C’était eux les héros. » De la réussite aux pitbulls, de la presse people aux maisons closes, « Ça se discute » fait parler (avec un premier clash sur la banlieue en octobre 1994)… sans décoller. Un an après son lancement, la formule est recentrée sur un rendez-vous hebdomadaire.
L’âge d’or.
En misant sur des sujets variés (la sexualité, la religion…), « Ça se discute » désormais enregistrée prend son essor jusqu’à réaliser une saison record en 1999-2000 et décrocher deux Sept d’or. « On était aussi très exigeant sur les intervenants, note Gilles Bornstein, directeur de la rédaction de 1996 à 2005. On pouvait en écouter une centaine avant d’en choisir dix pour l’intérêt de leur histoire et leur façon de la raconter. »
Pour le sociologue Robert Rochefort, invité cinq fois, le format « captivait car il donnait à comprendre la société. De la vraie téléréalité, un miroir assez juste. Malgré ses excès, c’était un bon compromis entre le témoignage et l’analyse. Et Delarue savait faire parler les gens ». Son oreillette ? « Un choix de Jean-Luc pour montrer que c’était un travail d’équipe, précise Gilles Bornstein. Moi, je voyais le débat d’une autre façon et cela me permettait de lui souffler des questions complémentaires. »
Un genre banalisé.
Après dix ans de succès, le programme montre ses premiers signes d’essoufflement. Le genre s’est banalisé. D’aucuns pointent des angles plus racoleurs, des dérapages (la bagarre Ducruet-Elfassi en octobre 2007, le coup de gueule de Pascal Olmeta début 2009), des débats parfois moins pertinents. « Depuis quelques années, ils tournent autour d’une dizaine de sujets liés à l’intime et aux people, observe Benoît Charpentier. Mais, aujourd’hui, les anonymes sont partout à la télé et Internet a asséché la force à l’émission. »
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