Pourquoi tant d'automobilistes à contresens ?

Publié le 4 octobre 2009 par MAVERICK

Ils sont ivres, inconscients, sous médicaments,
très âgés... ou anglais.
Les conducteurs empruntant des tronçons de route à l'envers
causent entre 30 et 50 morts par an.

Enquête

Il a eu la peur de sa vie et en tremble encore.
Les phares dans la nuit, face à lui, il les voit toujours.
« J'étais bien sur ma file. Il a accéléré. Il a foncé sur moi »,
témoigne un Nantais à la barre du tribunal, le 31 août.
Son véhicule a été percuté par un homme sous l'emprise de l'alcool qui avait emprunté le périphérique à contresens. Plus de peur que de mal, l'accident n'a pas fait de victimes.

« Les prises à contresens sur les voies à chaussées séparées »
représentent 1 % du nombre total d'accidents et un accident mortel sur vingt sur les autoroutes à péage. Elles causent entre 30 et 50 morts par an. Et, aussi, un grand émoi.

Alcool, médicamentset grand âge

« Les conducteurs à contresens sont soit sous médicaments psychotropes,
soit en état d'ivresse, soit très âgés.
Dans tous les cas, ils ont perdu le sens de la bonne conduite. Il y a aussi des Anglais qui ont oublié qu'ils ont changé de pays »,
explique le capitaine Bondy, gendarme à l'escadron de sécurité routière de Saint-Lô.

Parfois,
la construction de la bretelle est en cause :
celle de Quévert, entre Saint-Malo et Saint-Brieuc, est située près d'entrées d'habitations qui favorisent les erreurs.
Parfois,
il s'agit de tentatives de suicide,
comme ce Vannetais, en décembre 2005.
Ou
d'une véritable « stratégie » :
un conducteur ayant raté sa sortie sur l'A9, près de Montpellier, a tout simplement fait demi-tour jusqu'à la bretelle précédente. Mais le plus souvent, l'acte est involontaire. Les personnes sont désorientées.

Avec l'âge, les réflexes diminuent

Le témoignage d'un automobiliste d'Herbignac
(Loire-Atlantique),
84 ans, est hallucinant.
Il ne s'est pas rendu compte qu'il était à contresens pendant dix-huit kilomètres.
Devant le tribunal,
il se défend :
« J'ai bien eu peur pour moi, mais je ne pouvais pas tuer quelqu'un sur une route aussi large.
De toute manière, je roulais lentement et j'ai stoppé car ma voiture a connu un problème mécanique. »
Il oublie juste de préciser qu'il s'est arrêté sur ce qu'il croyait être le bord de la route et qui était en fait la partie droite de la chaussée pour ceux roulant dans le bon sens !

« On arrive très rarement à intercepter les véhicules à contresens,
témoigne le capitaine Bondy.
En septembre, nous avons pris de gros risques pour arrêter une voiture conduite par une femme de 82 ans près d'Avranches. »
Un véhicule de la gendarmerie est entré sur la voie rapide pour alerter les automobilistes du danger. Un second est entré à contresens pour se porter à hauteur de la voiture et la contraindre à stopper.

« Ce phénomène est lié au problème de la conduite des personnes âgées.
L'espérance de vie augmente, mais les réflexes diminuent.
Et, en quarante ans, la circulation et la signalisation ont changé. »
Faut-il prévoir des visites médicales régulières pour les plus vieux ?
Ce débat ressurgit régulièrement.
Il pose plus largement la questionde la place des seniors dans la so-ciété.

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