Muguet : la chaleur joue les trouble-fête
Le 1er mai,
il sera parfumé, élancé, mais plus rare. Sous le soleil d'avril, les clochettes se sont ouvertes trop vite chez les maraîchers nantais.
Jusque-là, tout avait marché comme sur des roulettes. Un petit vent de nord-est idéal pour assainir les cultures. Une pousse régulière des brins sous les châssis. Pas besoin de les mettre à l'ombre pour ralentir leur croissance ou de piéger la chaleur pour les hâter. À deux jours de la cueillette, le muguet nantais promettait de se présenter pile poil au meilleur de sa forme, le 1er mai : ni trop vert, ni trop fleuri ; une moitié de clochettes ouvertes, l'autre moitié en boutons.
Et puis, soudain, tout s'est accéléré. « Nous avons commencé à cueillir le 19 avril, sous une température record de 27 degrés. C'est la première fois qu'on voit ça ! La floraison s'est accélérée, nous avons dû écarter au calibrage une partie de la production, trop avancée », raconte Charles Musset, maraîcher à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, qui récolte chaque année un million et demi de brins, avec l'aide de 170 saisonniers.
20 % de pertes
Même son de clochette à Machecoul, chez Jean-François Vinet, qui collecte 5 millions de brins et qui a embauché 70 travailleurs saisonniers pendant une semaine pour cueillir, calibrer et conditionner le muguet. Il déplore « 20 % de pertes dans les champs car le muguet a fleuri trop tôt ». Conséquence : la fleur « risque de manquer », pronostique Charles Musset. Le prix du brin va-t-il flamber ? « Non, les prix sont fixés à l'avance. » Les cours négociés au stade de la production ont augmenté de 2 %. Pour mémoire, en 2006, selon l'enquête du Service des nouvelles du marché, les trois brins de muguet s'étaient vendus au prix moyen de 2,05 € sur les étals des fleuristes et des marchands ambulants. La qualité, elle, sera au rendez-vous de la fête du Travail. Toujours le soleil. « Les clochettes sont bien ouvertes et parfumées », décrit Jean-François Vinet.
Le muguet nantais : 85 % de la production nationale, 60 millions de brins, 60 maraîchers, 11 millions de chiffre d'affaires, 6 500 contrats de travail saisonniers (Source : Fédération des maraîchers nantais).
** Maverick **